Outil

Réagir aux violences et propos antidémocratiques

Que faire lorsque certains élèves tiennent despropos violents les uns à l’égard de l’identité des autres, ou lorsque desélèves tiennent des propos ostensiblement opposés aux valeurs démocratiqueset/ou aux Droits Humains ?

L’espace du débat est un espace public, un espace de regard mutuels, un espace dans lequel notre image se joue à nos propres yeux comme à ceux des autres personnes en présence. De ce fait, il est fondamental d’avoir toujours en tête d’éviter au maximum les situations ressenties comme humiliantes. Lorsque certains jeunes tiennent des propos violents ou anti-démocratiques, le défi est donc conséquent d’y répondre avec la bienveillance à laquelle tout jeune a fondamentalement droit, mais avec la fermeté que ce genre de propos se doit de forcément rencontrer. La tâche est loin d’être évidente puisque, pour un jeune, il est difficile de faire la différence entre le refus de ses propos ou celui de sa personne.

Fermeté pour les propos, bienveillance pour les personnes

En outre, même lorsqu’on parvient à réagir de manière constructive et à ce que le jeune progressivement change d’avis, il n’est pas forcément facile que le groupe continue à l’accepter sachant ce qu’il a dit. C’est en ce sens que, si l’objectif du débat est de parvenir à ce que les participants changent de position et par moments reconnaissent une « erreur », il est en même temps important de cultiver avec le groupe une bienveillance à l’égard des parcours de remise en question ainsi que par rapport aux positions qui apparaissent, apriori ou a posteriori, comme violentes.

S’il faut donc cultiver l’amende honorable, cela ne revient pas pour autant à tolérer les différentes positions violentes abordées dans les pages de ce guide. Au contraire, par le biais des options proposées, il s’agit de trouver un équilibre entre l’enjeu d’accompagner avec bienveillance les positions violentes, et celui de protéger ceux qui en seraient victimes.

À court terme, gérer l’agression, protéger les victimes

À court terme, il faut d’abord se demander si, dans le groupe, certaines personnes sont visées par les propos violents. C’est souvent là un jugement fort subjectif, qui s’appuie sur notre ressenti par rapport aux réactions non verbales des membres du groupe. Plus on connaît les jeunes présents, plus notre appréciation sera ici précise.

Si un ou plusieurs jeunes du groupe sont touchés par l’attaque, il est fondamental de mettre fermement la limite, en rappelant le cadre de non-violence que nous avons en principe institué dans le groupe (voir annexe 2, p. 95),ou tout simplement en expliquant à chaud que les mots exprimés ont dépassé une limite.

Si les uns et les autres sont dans une situation de blessure telle que la discussion n’est pas possible, mieux vaut éviter le débat direct et privilégier d’abord des discussions bilatérales (voir annexe 13,p. 116). Dans certains cas particulièrement délicats, il est d’ailleurs opportun d’avoir ces discussions directement. L’idée est alors d’isoler les personnes et de parler avec elles l’une après l’autre, en laissant le groupe s’autogérer entretemps (ou en lui donnant une consigne à suivre pendant ce temps).

 

Selon la gravité des propos, il se peut également que l’on soit face à un délit sérieux. Si c’est le cas, c’est à ce stade qu’il s’agit alors de mettre en place une réaction sérieuse de l’école (voir module« police » en ressources),voire d’accompagner les victimes afin qu’elles soient conscientes de leurs droits (notamment celui de porter plainte).

Dans le processus, accompagner et confronter

À court ou à moyen terme, lorsque le groupe est prêt pour la discussion, les étapes suivantes sont réellement source d’apaisement et de remise en question :

1.    Accompagner l’élève« violent » dans l’exploration de sa propre position en recourant à la technique de la maïeutique (voir annexe 7,p. 104). Si vous le jugez opportun, donner votre propre avis, en veillant à trouver un juste équilibre entre l’« exemple » de l’expression de soi et le « retrait » qui permet celles des élèves ;

2.    Le plus possible, aider le jeune à reformuler ses idées de manière à ce que celles-ci soient les moins violentes possible.

3.     Aider les jeunes à comprendre les oppositions entre leurs positions et les principes démocratiques, les accompagner dans la compréhension du dialogue entre les différentes positions en présence. Dans ce cas-ci en particulier, les propos des jeunes sont clairement en opposition avec les droits humains tels que ratifiés par la Belgique ou l’U.E.

Vivre concrètement plutôt qu’argumenter

Sachez que l’adhésion des jeunes aux idées démocratiques et aux droits humains dépend moins de votre capacité à les convaincre que de la possibilité que vous leur donnerez de faire l’expérience concrète de ces principes. C’est pour cette raison que, à moyens et longs termes, tout l’enjeu est de permettre de vivre concrètement ces principes, à l’échelle de la classe, des projets de classe, ou à l’échelle de l’école.

Ressources

-       En cas de situation grave, le « module police » de la boîte à outils de réparation

-      Pour des exemples de projets interculturels à envisager, voir la boîte à outils de projets

-       Le lexique Discrimination d’Unia explique les différentes législations en vigueur dans notre pays pour lutter contre les discriminations.

-       Vidéo :Qu’interdit la législation antidiscrimination en 7 interdictions. A voir !

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